Titre de la thèse
Transport de marchandises mixte : Proposition d’un système de distribution urbain capacitaire-capillaire basé sur un réseau de consolidation à deux échelons
Sujet de la thèse
L’utilisation essentielle de transport privé augmente le taux de congestion en ville. Ainsi, la présence des véhicules de gros tonnage mal remplis amplifie ce phénomène et entraine des tournées de longues durées réduisant un peu plus l’efficience des livreurs. Ce phénomène est encore amplifié dans les villes assez peu dotées en matière d’infrastructures logistiques (Centre de Distribution Urbaine – CDU, aires de livraison, …) mais qui connaissent pourtant une explosion du nombre de commerces de proximité nécessitant des livraisons. Cette tendance est à l’origine de différentes nuisances : congestion, pollution (air et bruit), sécurité, … Face à cette situation, nous proposons de repenser la mobilité urbaine d’une façon intégratrice d’un point de vue des flux (passagers et marchandises) en mutualisant les ressources de transport pour libérer la ville de la gêne physique.
Le système de TMV (Transport des Marchandises en Ville) proposé s’appuie sur le concept de mixité passagers/marchandises en nous focalisant sur la capacité et non sur le véhicule en lui-même : l’idée est d’utiliser la capacité résiduelle des véhicules qui empruntent le réseau existant. Afin de supprimer les déplacements inutiles des véhicules de transport en commun, le système repose sur un schéma de consolidation à deux échelons. Le premier, s’intéresse aux espaces logistiques de massification situés en amont du réseau capacitaire dont la finalité est d’accueillir les flux qui doivent pénétrer la ville et d’organiser les marchandises pour les acheminer via le transport en commun. Le second échelon avance les plateformes urbaines qui sont disposées le long du circuit principal pour récupérer les marchandises et organiser les tournées vers leur destinataire final. Des flottes capillaires prendraient ensuite le relais pour livrer les marchandises à leur destination finale en effectuant des tournées.
Le transport urbain est un secteur hautement contraignant où toute mauvaise décision se traduit par une baisse du niveau de performance du système logistique. Ainsi, nous contribuons à la structuration d’une nouvelle méthodologie d’analyse structurée divisée en deux niveaux décisionnels. Le niveau stratégique englobe les étapes pour élaborer la meilleure configuration des points nodaux (nombre et emplacements) dans la chaîne logistique en suivant la répartition géographique des points de livraison. Le Niveau opérationnel correspond au pilotage des flux de marchandises empruntant le schéma configuré dans le premier niveau. Les deux niveaux sont complémentaires dans la modélisation et l’évaluation des concepts déployés.
Pour réduire la taille du problème et tenir les particularités de chaque territoire en compte, nous faisons recours aux approches spatiales qui visent à découper l’aire urbaine en zones homogènes. L’idée est de construire des clusters représentant la répartition géographique de la demande en termes de transport. Chaque zone sera assignée à un poids qui reflète l’importance des mouvements logistiques générés par les points de livraison qu’elle contient. Pour ce faire, nous avons développé une architecture de zonage basé sur plus de 10 algorithmes d’apprentissage automatique supervisés et non supervisé. Des résultats significatifs ont été trouvés en se basant sur (presque tous) les indicateurs de performances de « Machine-Learning » existant dans la littérature. La zone de recherche des dits points dans notre problème est contrainte par le tracé existant du système de transport des passagers et donc par les localisations des hubs à proximité immédiate. Nous envisageons ensuite le problème d’assigner aux hubs les zones prédéterminées selon le besoin logistique. Dans ce volet, nous avons mis en place un algorithme hybride de localisation pour évaluer la précision de localisation sur le long-terme. En comparant les résultats avec trois heuristiques, l’algorithme proposé a permis d’économiser des coûts d’implantation et de maximiser la couverture de la demande du client.
Biographie
Jihane EL OUADI est ingénieure d’état en Génie Industriel, diplômée de la Faculté des Sciences et Techniques d’Errachidia, Université Moulay Ismaïl (2016) et membre de l’équipe de recherche Mobilité Intégrée à l’EIGSI. Durant son cursus, purement industriel, elle a aussi obtenu en 2014, une licence professionnelle et un diplôme d’études universitaires professionnelles en Génie Industriel à la Faculté Polydisciplinaire de Khouribga, Université Sultan Moulay Slimane.
La poursuite de son parcours académique a amené Jihane EL OUADI à commencer sa thèse de doctorat en logistique urbaine au sein du Laboratoire de Recherche en Ingénierie à l’École Nationale Supérieure d’Électricité et de Mécanique, Université Hassan II (2017). En parallèle, elle a rejoint la Fondation de Recherche, de Développement et d’Innovation en Sciences et Ingénierie (FRDISI). En partenariat avec la fondation FRDISI, ses travaux de recherche portent sur les aspects de planification de la mobilité partagée et la manière dont les systèmes de partage de transport urbain pourraient être améliorés et optimisés.
Ses recherches antérieures ont inclus divers sujets dans différentes disciplines, par exemple, l’intelligence artificielle, l’optimisation, les systèmes de zonage urbain, les systèmes dynamiques multi-agents et l’impact de la gestion intégrative des flux de passagers et de marchandises sur le trafic.