L’industrie automobile fait face à de nombreux défis. Entre les crises économiques successives, la nécessité de nouvelles réglementations, l’évolution des usages liés aux transports et l’urgence écologique, le secteur doit se réinventer.
C’est le sujet choisi par l’EIGSI pour sa dernière conférence thématique. Un évènement organisé le 12 mai dernier, en partenariat avec les deux pôles de compétitivité ID4CAR, dédié aux filières véhicules et mobilités du Grand-Ouest et NextMove, qui promeut la « mobility Valley » en Normandie et Île-de-France.
Concilier enjeux écologiques et performance économique
La transition énergétique est en marche. Avec l’ambition de neutralité carbone à l’horizon 2050, l’ensemble de la filière automobile mise progressivement sur la durabilité et l’électrification de ses parcs.
Pour Rémi Bastien, président de NextMove et ancien directeur stratégie et prospective automobile du groupe Renault, le constat est clair : « La croissance a été telle au 20ème siècle que l’on est passé d’un produit suscitant l’envie à un objet qui sature aujourd’hui l’espace public ! »
Deux contraintes fortes impactent les enjeux économiques et industriels : l’accès aux ressources de la planète et le changement climatique.
« Il faut savoir qu’en matière de gaz à effet de serre, et plus particulièrement de CO2, l’usage de la voiture représente 6 % des émissions au niveau mondial et 10 % à l’échelle européenne. Finalement, ce qui compte n’est pas seulement l’atteinte de la neutralité carbone. Il y a aussi le rythme de réduction du CO2. En effet, les gaz à effets de serre continuent à s’accumuler dans l’atmosphère. »
De nouvelles solutions adaptées aux changements d’usages ?
Le véhicule de demain tend vers plus de sobriété et de légèreté. Il marque en effet son indépendance à l’égard des énergies fossiles et des composants importés.
Chez E-Mersiv, l’objectif est justement de démocratiser la mobilité zéro émission grâce à des batteries Li-ion haute performance.
La start-up a développé une batterie pour véhicules électriques, permettant une recharge en moins de 10 minutes. « Les deux éléments fondamentaux sont le temps de recharge et l’autonomie. Nous agissons spécifiquement au niveau de la gestion thermique avec un refroidissement de la batterie à cœur. Notre objectif est aussi d’obtenir une meilleure durée de vie des batteries », explique Claude Andrieux, directeur général adjoint de l’entreprise.
Le tournant de l’industrie automobile 4.0
Les transformations digitales et technologiques impliquent une adaptation de la chaîne de production pour faire émerger de nouveaux modèles d’innovations.
C’est ce que précise Cédric Peruffo, Directeur industriel au sein de l’équipementier automobile ACS France (groupe CIE Automotive), qui conçoit et industrialise des systèmes de toits, de vitrage et des systèmes d’occultation. « Robotique et cobotique, réalité virtuelle, fabrication additive, internet des objets connectés, cybersécurité… La diversification des procédés nécessite aussi davantage de développement, de conception et de production.
S’agissant par exemple des toits ouvrants, ils sont constitués de près de 300 composants. Il est indispensable de pouvoir concilier nos exigences de qualité, d’esthétisme et de robustesse du produit ».
L’objectif est de s’engager pleinement sur la voie de la mobilité sur-mesure. Les industriels doivent donc adapter les processus de fabrication aux attentes du consommateur.
L’industrie automobile 4.0 transforme et modernise la chaîne de production avec l’apport d’outils innovants et de technologies prédictives.
« En tant qu’industriels, nous avons de nouveaux challenges à relever », souligne François Nivelle, Responsable produits et innovation au sein de Marelli France.
« L’automobile est un objet de plus en plus connecté. Nous développons au sein de nos usines des systèmes toujours plus performants pour créer des véhicules plus intelligents et autonomes. L’IoT joue un rôle essentiel dans cette évolution de l’industrie automobile ».
Rémi Bastien de NextMove, ajoute que la réussite de cette nouvelle vision de la mobilité nécessite l’intégration de la voiture dans un écosystème large. « L’automobile devra interagir avec le monde de l’énergie, des infrastructures routières et des télécommunications dans un système de systèmes. L’utilisation du numérique va accélérer ces mutations. Cela réduira par exemple significativement le besoin de prototypes physiques. Le secteur opère une transformation d’ampleur. Mais nous n’oublions pas que la voiture n’est pas juste associée à un objet fonctionnel. Il s’agit aussi d’émotionnel ! »